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 Sur les marches

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Shaar

Shaar


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MessageSujet: Sur les marches   Sur les marches Icon_minitimeMar 3 Oct - 22:39

Voici le début d'une de mes nouvelles; ça parle d'un complot qui se trame contre la démocratie, dans un royaume fictif, Anavris, qui aurait recueilli les celtes fuyant les invasions romaines.
Indulgence please!! XD
Attention! Ce texte est protégé par des droits d'auteurs, donc on ne s'en ressert pas, merci de votre compréhension!! ^^

bonne lecture


Méliandre contemplait l’horizon. Le soleil achevait de rejoindre les ombres, tandis que l’azur capricieux se fardait de rose..
La jeune femme resserra sa cape de velours vert sombre autour d’elle, ramenant nerveusement une mèche rousse derrière ses oreilles ; geste inutile. Elle fut aussitôt remplacée par une demi douzaine d’autres sur son visage d’albâtre. Le vent jouait avec les boucles cuivrées de la sénatrice Méliandre.

Fille d’un nymphe et d’un avocat, la jeune celte avait rapidement fait preuve d’une intelligence redoutable et d’un sens aigu des responsabilités. Sa détermination était telle qu’à 23 ans, son parti, l’Alliance libertaire, l’avait propulsé aux devants des bancs du sénat. Plus jeune sénatrice, elle était aussi la plus puissante d’entre tous, car à la tête de la plus grande faction politique de l’Archipel. Quelques année encore, et aux prochaines élections, elle deviendrait sûrement chancelière d’Anavris…

Méliandre s’assit nerveusement sur les marches du grand Cairn et ferma les yeux, cherchant vaillamment un peu de quiétude. Elle entendait le bruissement des feuilles derrière elle. La sénatrice se trouvait à la lisière de la forêt. On aurait dit que le vent faisait des confidences aux arbres…
Cependant, malgré la douce odeur humide de l’humus et les derniers parfums exhalés par les frêles primevères, Méliandre ne parvint pas à s’apaiser. Elle rouvrit ses yeux vert dorés d’une dureté adamantine, qui contrastaient en furie avec son visage aux trais d’un poignante beauté. Un pli soucieux effleura l’espace d’un instant la commissure de ses lèvres. Oui, le vote qui aurait lieu à la prochaine pleine lune serait déterminant, et elle ne savait pas encore si elle donnerait ou pas une ligne de vote à son parti.
Et alors qu’elle en débattait avec ses conseillers dans son cabinet, un page était venu la voir, lui annonçant que Glorin, le chef de l’opposition, demandait à la voir en privé devant le Grand Cairn, au crépuscule. Intriguée, Méliandre avait prit ses dispositions pour pouvoir assister au rendez-vous. Que pouvait-il bien vouloir lui dire de si important et de si secret pour l’entraîner ainsi en dehors du sénat ?
Méliandre tapotait du bout des doigts la pierre rêche et humide sur laquelle elle était assise. Elle sentait contre sa paume le contact étrange de la roche taillée vibrante d’une magie ancienne. Le Cairn était un lieu sacré.
Une silhouette en armure se rapprochait sur sa gauche, à la limite de son champ de vision. Méliandre tourna le tête vers l’arrivant. Glorin, à n’en pas douter. Il portait toujours son armure d’officier. La jeune femme pensait qu’il s’agissait d’un effet de style, d’une image de marque. Elle repoussa le sol et se dressa sur les marches, sa cape claquant au vent, dans une dignité impériale.

Méliandre raffermit son emprise sur elle-même alors qu’elle voyait le jeune aristocrate s’avancer. Oui, lui aussi était jeune pour un sénateur, bien qu’un peu plus vieux qu’elle ; il approchait la trentaine. Glorin était d’une beauté à couper le souffle et d’un charisme égal à celui de Méliandre. La jeune sénatrice avait beau être la femme la plus puissante du pays, elle n’en restait pas moins une femme. Cela dit, elle aurait préférer s’arracher la langue plutôt que de se l’avouer.
Glorin était arrivé à sa hauteur à présent, un demi sourire aux lèvres et un regard espiègle dont il ne se départissait jamais. Il s’inclina en guise de salut –ce à quoi Méliandre répondit par une inclinaison de la tête- et releva les yeux vers la sénatrice. Des yeux bleus comme le ciel le jour, des cheveux noirs comme le ciel la nuit…
- Sénatrice Méliandre
- Sénateur Glorin. Je dois admettre que votre demande m’a intrigué, dit-elle en levant ses prunelles vertes vers les yeux pervenches du jeune homme. Je suis de nature curieuse.
- Et cela vous fait honneur, madame. Permettez-moi de vous demander d’oublier le protocole, voulez-vous ? Appelez moi Glorin, proposa-t-il en s’asseyant sur les marches, l’invitant d’un geste à en faire de même.
- A votre guise, acquiesça Méliandre avec un haussement d’épaules en prenant place à côté de son ennemi politique. Alors, Glorin, qu’avez-vous de si important à me dire, une semaine avant un vote crucial ?
Méliandre se tenait droite ; son visage était fermé, quoique poli. On aurait dit une statue d’albâtre vêtue de velours vert. Le contraste avec le chef de file du parti Aristéique était saisissant. Glorin, non moins digne, se tenait légèrement affaissé, affectant la décontraction. Nous sommes entre amis, parlons politique comme de simples citoyens, c’était le message qu’il voulait faire passer.
- Tout d’abord, pourquoi ici, hein ? commença-t-il en montrant d’un vague geste du bras le paysage somptueux éclaboussé de l’or du couchant.

Méliandre continuait de le fixer d’un regard sévère. L’officier aurait à faire autre chose s’il tenait à voir la sénatrice de l’Alliance se détendre. 
- Parce que c’est magnifique. J’aime cet endroit. Pas vous ? risqua-t-il.
Méliandre haussa un sourcil pour cacher son agacement.
- Certes Glorin, c’est somptueux. Cela dit, j’imagine que vous ne m’avez pas traîné ici pour converser sur l’esthétisme bucolique, n’est-ce pas ? répliqua-t-elle, un sourire en coin.
- Vous faites honneur à votre réputation, Méliandre. Aussi belle qu’intelligente…
Méliandre se sentit fondre, mais n’en montra pas l’ombre d’un signe. Elle restait dans l’expectative. Glorin prit sagement le parti de poursuivre.
- Bien. Ce n’est pas à vous que j’apprendrais ceci : le Cairn sur les marches duquel nous sommes assis est le premier monument que les celtes ont construit en arrivant ici, lorsqu’ils ont fuit les romains pour gagner les archipels d’Anavris. Par ce monument, ils ont arraché les archipels au monde Commun. Ici règne l’âme celte. Je veux que les mots qui soient prononcés ce soir le soient en toute honnêteté, sous le regard de nos ancêtres et pour le bien de notre peuple. Vous et moi avons en charge les enfants du sang celte, Méliandre.

Méliandre fut un peu surprise par cette déclaration si solennelle.
-Je vous avais mal jugé, Glorin. Vous avez l’âme noble. Mais le peuple sait se prendre en charge lui-même. Enfin, venons en au cœur du sujet : le vote de la semaine prochaine. Car c’est bien pour cela que nous sommes ici, n’est-ce pas ?
-Exactement, Méliandre ! acquiesça Glorin, ses yeux limpides s’attardant un instant de trop dans les prunelles irisées de la sénatrice. Vous semblez lire en moi. Peut être devinerez-vous la proposition que je suis venu vous faire ?
Son expression espiègle était si attendrissante que Méliandre ne put retenir un éclat de rire argentin.
- Allez-vous cesser de me faire attendre ? sourit-t-elle. Abrégez mon supplice ! Je suis curieuse comme une enfant !
- Mais vous n’êtes plus une enfant, sénatrice, dit-il d’un ton ambigu en laissant un regard suggestif parcourir le silhouette de Méliandre.

Instant de trouble. Le Sénateur prenait de gros risques… Méliandre décida de ne pas en tenir compte.

- Très observateur, Glorin, railla-t-elle. Maintenant pouvons-nous cesser cette joute verbale et passer aux choses sérieuses ?
Le Sénateur sembla reprendre son empire sur lui-même, et reprit cet air grave qui faisait soupirer un génération entière de jeunes filles.
- Parfait. Vous savez comme moi que dans une semaine, le Sénat votera un changement de statut. Soit il reste dans l’état actuel, aux listes majoritaires qui permettent une stabilisation et une assise du pouvoir. Soit le vote sera en faveur d’un système proportionnel…

Il laissa tomber ces derniers mots avec amertume. Méliandre prit un air pincé et poursuivit d’un ton sec.
- Dans une assemblée proportionnelle, les petits partis auront autant de pouvoir que les grands. Les sénateurs en faveur de cette option prétendent que le peuple aurait d’avantage de moyens de s’exprimer, alors qu’en réalité les petits partis mèneront le pays comme ils l’entendent, se détachant des intérêts du peuple. Les pots de vins, alliances trahies et meurtres seront monnaie courante. Pas de liberté du peuple dans ces conditions là.
- Je vois que nous avons la même vison de la chose, acquiesça Glorin avec un hochement de tête. Vous cherchez à libérer le peuple d’un parlementarisme écœurant, prônez un exécutif fort. Je veux la même chose. La préservation de l’ordre établit. Je veux que le roi puisse prendre des décisions, certes sous le regard du peuple, mais pas soumis aux caprices de petits parlementaires véreux.

- Et j’imagine que vous avez une proposition à me faire au sujet de nos intérêts concordants ? releva Méliandre.
- Parfaitement. Vous savez comme moi que même si nous disions à nos partis respectifs de s’engager contre la réforme proportionnelle, certains voteront pour –croyant y voir leurs intérêts. Cela nous discréditerait complètement.
Méliandre pinça ses lèvres. Ce n’était que trop vrai. Il poursuivit, et sa voix devint plus grave.

- L’armée m’est fidèle, Méliandre. Et le peuple vous aime. Investissons le Sénat avant le vote, moi avec l’armée, vous avec des « citoyens » de préférence assez enthousiastes…
- Glorin ! hoqueta la jeune femme. C’est un coup d’état pur et simple ce que vous projetez de faire !
Méliandre se guinda, juste pour ne pas trembler. Oui, elle aussi avait réfléchi à ce projet… Pour le rejeter aussitôt.
- Disons que ça inciterait les parlementaristes à un peu plus de vigilance quant à leurs votes, éluda-t-il.
- Ne jouez pas sur les mots ! Vous souhaitez renverser la République, dit Méliandre, le ton d’un calme trompeur.
Glorin haussa les épaules.
- Elle n’a jamais très bien marché, de toutes manières.
Il regarda intensément la jeune fille aux cheveux roux que le couchant semblait embraser.
- Le peuple nous aime, vous et moi. Il compte sur nous. Rappelez-vous ce que je vous ai dit ; pour le bien de notre peuple…
Méliandre lui rendit son regard, troublée.
- Et qui gouvernera ? Un nouveau Sénat ? Vous, peut-être ?
- Vous ne feriez pas une mauvaise épouse, Méliandre. La force de caractère est une excellente qualité pour une impératrice.
Le monde n’avait plus de haut ni de bas, et les couleurs se mêlaient en un feu d’artifice complexe. La jeune femme inspira profondément, et plaqua ses paumes contre la pierre froide des marches pour retrouver ses esprits. Une fois qu’elle eut reprit contenance, elle s’adressa à Glorin.
- Enfin sénateur avez-vous perdu tout bon sens ?dit-elle à mi-voix, les mâchoires serrées. Le peuple n’aime pas être oppressé. Quel régime peut tenir lorsqu’il débute dans le sang ?
- Notre intronisation se fera légalement, chère Méliandre. Il suffira de proposer un nouveau vote, proposant un nouveau régime. Nos partisans aideront les récalcitrants à se souvenir à quel point ils désirent voir un couple impérial à leur tête. Ou les aideront à sortir de la salle. En pièces détachées.
Méliandre poussa un soupir, ferma les yeux et se pinça l’arrête du nez. Elle savait pertinemment ce qui se passerait quand le sénat deviendrait proportionnel : instabilité, crises, guerres civiles. Ça c’était toujours passé ainsi. Anavris était au bord de la guerre ouverte avec Ghurwyrgh, la nation rivale, et ne pouvait se permettre une telle faiblesse. Ce que proposait Glorin était certes radical, mais correspondait d’avantage à ses convictions. Elle rouvrit les yeux.
- Vous proposez donc d’instaurer un empire sous le contrôle d’un sénat majoritaire ?
- Absolument.
Il sourit. Il pouvait se le permettre, songea Méliandre, il avait gagné.
- J’ai votre parole que nous règneront conjointement, et ce uniquement pour le Bien du Sang celte ?
Glorin tira de son fourreau une petite dague finement ciselée qui renvoyait les derniers éclats du soleil, et s’entailla la paume, laissant quelques gouttes vermeilles glisser sur les marches du Cairn.
- Noch gwen ab Ruarch’, prononça-t-il, scellant leur engagement par le serment sacré. Je le jure pas le Sang.
Méliandre tendit la main pour se saisir de la dague, afin elle aussi de prêter serment de la conjuration. Mais Glorin prit sa main, et y déposa un baiser.
- Damoiselle, votre parole me suffit. Je ne saurais voir une blessure entailler une peau aussi douce.
Méliandre n’eut pas le temps de se rendre compte à quel point elle le trouvait galant. Glorin sembla apercevoir quelque chose derrière la jeune femme… Quelque chose qui ne lui plaisait pas. Il se leva promptement, dépliant son impressionnante carrure, et dégaina son épée, prêt au combat. La sénatrice ne comprit ce qui se passait que lorsqu’elle se retourna pour voir une dizaine d’individus douteux arriver vers eux… Des bannis, qui portaient des colliers en fers scellés, signe de leur exclusion. Méliandre se retourna vers Glorin et se releva.
- Ne devrions nous pas plutôt partir, Glorin ? demanda-t-elle, le souffle court.
- Ils ne sont pas seuls, Méliandre, expliqua-t-il l’air sombre. D’autres sont dans le bois, derrière nous.
Méliandre lissa d’un geste absent les plis inexistants de sa robe et se saisit d’un bâton sur le sol. Malgré l’état critique de leur situation, Glorin ne put réprimer un sourire compatissant.
- Méliandre, vous feriez mieux de vous réfugier dans le Cairn. Je doute que vous parveniez à les écorcher avec ce morceau de bois. Cela me ferait de la peine d’avoir une impératrice borgne.
- Vous oubliez un détail, Glorin. Je suis fille de nymphe, savez-vous ? Je suis enchanteresse, certes modeste, mais je pense pouvoir vous aider. Qui plus est, à quoi me serviriez-vous découpé en petits morceaux ? le taquina-t-elle.
Glorin accusa le coup et éclata de rire, et Méliandre enchanta son épée de sorte que ses coups brûlent, infligeant ainsi davantage de dégâts.
- Je me charge de ceux-ci, déclara-t-il.
- Je prends ceux dans la forêt, poursuivit Méliandre. Je n’apprécierais guère qu’ils nous tombent dessus par surprise.
Ils étaient 8, tous vêtus de loques, les joues creusées par la faim, de longs cheveux sales pendant de chaque côté de leurs visages émaciés. Un sourire édenté parcourut le visage de celui qui semblait être leur chef.
- Occupez-vous du bellâtre, je me charge de la poupée.
Méliandre et Glorin prirent tous deux un air féroce, puis la mêlée commença autour de Glorin, tandis que la sénatrice, voyant les 5 autres à la lisière de la forêt, commença à prononcer l’incantation… Petit à petit, des lianes entravèrent les mouvements des bannis qui se dirigeaient vers eux… Ils commencèrent à se rendre compte. L’un d’entre eux tenta de couper des branches, un autre réussit à s’enfuir, mais 4 finirent enchaînés aux arbres qui les avaient cachés… La forêt répondait à la fille de nymphe. (à suivre)
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